Les ‘’7 milliards de voisins’’ dans les coulisses de la crise en Centrafrique
Malgré son potentiel agro économique très important, la Centrafrique reste toujours l’un des pays au monde où, l’alimentation de la population et son éducation restent un véritable problème. Ces situations ont été, la semaine dernière, les deux sujets de l’émission ‘’7 milliards de voisins’’, enregistrées à Bangui, par la réalisatrice, Emmanuelle Bastide, journaliste à RFI.
Emmanuelle Bastide en entretien avec des maraichers de Ngou Lékpa/Photo:Rosmon
Ces deux émissions ont été réalisées les jeudi 15 et vendredi 16 janvier à l’Alliance Française de Bangui et diffusées à partir de ce lundi 19 janvier sur les ondes de RFI.
Au lendemain de son arrivée dans la capitale centrafricaine, Emmanuelle Bastide a effectué des descentes sur les sites maraichers de Ngou Lékpa et le site piscicole de Ouango. Ces visites de terrain ont permis à la journaliste de comprendre le danger qui attend ce pays, si l’on ne fait pas trop attention, dans la résolution des conflits, à ne pas donner la parole aux agriculteurs, éleveurs et aux acteurs du système éducatif centrafricain.
« Lors des préparatifs de cette émission, j’ai appelé plusieurs personnes à Bangui qui m’ont fait savoir que ce qui préoccupe les familles, c’est « le manger et l’école ». Ce sont deux problèmes qui existaient déjà, bien avant la crise. Je veux, avec le sujet sur l’agriculture, essayer de comprendre ce qui s’est passé avec la crise ; les conflits de territoires entre l’agriculteur et l’éleveur et de voir aussi comment est-ce que l’agriculture pourrait être une piste de sortie de la crise », a fait savoir Emmanuelle Bastide.
Entre temps, la FAO, en tant que partenaire technique de la Centrafrique en matière d’alimentation et d’agriculture a fait savoir dans ses discours qu’ « il n’y aura pas de paix sans sécurité alimentaire et pas de sécurité alimentaire sans la paix », une pensée qui a une grande résonance aujourd’hui.
visites des puits d'eau servant à l'arrosage des plantes/Photo:Rosmon
Durant ces visites, Emmanuelle Bastide n’a cessé par ailleurs d’apprécier « la nature à l’état pure » dont dispose ce pays qu’elle a eu l’occasion de regarder de plus près. « L’idée de voir les sites aujourd’hui, la veille de l’émission, c’est d’éviter le piège, de sortir de l’avion sans rien n’avoir vu et d’aller directement à l’Alliance Française de Bangui et faire l’enregistrement », a-t-elle témoigné, avant d’ajouter qu’elle « reste après tout une oie blanche ».
Des femmes agricoles de Ngou Lékpa/Phot:Rosmon
Emmanuelle Bastide au pied de la colline de Bas-Oubangui au site piscicole de Ouango/Photo:Rosmon
« Emmanuelle Bastide, aussi flexible sur la question liée à l’éducation des jeunes en Centrafrique »
Le vendredi 16 janvier, c’était le tour de l’enregistrement de l’émission sur la problématique du système éducatif centrafricain. « Quand ce n’est pas la guerre c’est la grève ? », a demandé Emmanuelle Bastide, à ces invités.
Il faut dire que la journaliste est arrivée à Bangui au moment où, les enseignants ont lancé un préavis de grève au gouvernement du 15 au 17 janvier, par rapport à leur condition de travail, un handicap de plus pour l’avenir des enfants centrafricains.
Souleymane Fall, le représentant de l’Unicef au cours de cette émission, a rappelé au public venu pour la circonstance, les derniers rapports très alarmants publiés par l’Unicef sur la situation des enfants en Centrafrique ; Selon lui, plus de 40% des écoles ne fonctionnent pas et une centaine d’école ont été affectées par la crise. Selon lui, « la crise a un visage d’enfant ».
Sylvestre Kétéguya, proviseur du lycée des Martyrs, aussi invité dans cette émission a fait part de son désarroi dans la gestion des élèves au sein de son établissement. « Aujourd’hui, plusieurs enfants associés aux groupes armés ont regagné les salles de classe. Mais le gros souci c’est comment les contrôler ? Ces enfants habitent dans les quartiers avec nous, ils ont des grenades sur eux […] ce n’est pas du tout facile mais, puisque j’aime mon métier, je le fait », a-t-il expliqué.
Enregistrement de l'émission "7 milliards de voisins à l'AFB le 16 janvier 2015/Photo:Rosmon
Un projet d’appui aux établissements scolaires a permis, les mois derniers au lycée des Martyrs de recevoir des kits sportifs de la part de l’Unicef : des ballons et des tenues sportives ont été remis à cet établissement dans lequel, l’on peut retrouver au moins 200 élèves dans une seule salle de classe, d’après le proviseur, Sylvestre Kétéguya.
Ce dernier a été vivement applaudit par un public composé visiblement en partie d’élèves. Emmanuelle Bastide a aussi donné la parole à certains d’entre eux, parmi lesquels, Mohamed Benamou, étudiant centrafricain de confession musulmane qui n’a pas pu retrouver une vie normale depuis que sa famille aurait été dispersée par le conflit au pays. « Je ne peux pas expliquer ce que j’ai vécu durant cette crise, parce que c’est affreux […] », a dit Mohamed Benamou.
Tous ces différents points soulevés au cours de cette émission par la journaliste de RFI, devront permettre aux centrafricains de mesurer l’ampleur de la crise et ses conséquences sur l’avenir de ce pays. En tout cas, c’est la première fois, pour la crise centrafricaine d’être vue sous les différents angles que sont « l’agriculture et l’éducation ». /Rosmon