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Lettimbi
10 mai 2018

RCA : Un conflit inter-communautaire vu de l’extérieur du pays par les amis des centrafricains

Alors qu’un vent d’espoir soufflait entre les différentes communautés avec les élections de 2016 où un président de confession chrétienne a été élu à la magistrature suprême de l’État contre un député de la confession musulmane à la tête de l’Assemblée Nationale, la Centrafrique renoue à nouveau avec la violence ces derniers temps. Des attaques ciblées à l’assassinat des hommes religieux, en passant par des campagnes de haine à travers certains médias, la situation centrafricaine retient, comme en 2013, l’attention du monde.

Capture

Un des dessins du mur du camp militaire BSS à Bangui, filmé pendant la crise© Rosmon

 

Salim Azim Assani a vécu 8 ans en Centrafrique avant de regagner son pays d’origine le Tchad. Blogueur et entrepreneur social, il a accepté de nous parler de ses sentiments sur la crise centrafricaine, suite aux dernières violences où des morts et des blessés ont été dénombrés.

« Que m'inspire la crise? Non, l'horreur ne m'inspire pas. Elle me terrifie. Et tels étaient mes derniers sentiments à Bangui. Terrifier! J'ai passé huit ans en Centrafrique. Quatre pour mon cursus universitaire, et quatre autre à servir la RCA auprès d'une ONG humanitaire. Cela m'a permis de sillonner une grande partie du pays, de faire la connaissance de personnes formidables et aussi de découvrir ce beau pays. La RCA est une terre bénite de Dieu, et cela, il faut que son peuple s'en rende compte », a t-il déclaré.

« La crise a voulu effacer les bons moments passés avec mes frères centrafricains et je refuse de céder »

« La crise a voulu effacer les bons moments passés avec mes frères centrafricains et je me refuse de céder », a expliqué Salim, avant de citer les noms de ses quelques amis centrafricains.

« J'ai toujours gardé des bons rapports avec mes amis et on s'appelle quand on peut. Je suis tchadien, musulman et je reste le meilleur ami d'Arthur Ouanguendé, de Claudère Reboa, d'Urbain Ndoumbé et j'en passe».

C’est le même sentiment du côté du Soudan du nord où vit désormais Mbayé Moussa. Il a passé 4 ans à Bangui entant que réfugié. De retour dans son pays natal, il n’a cessé de prier pour la paix en RCA.

«  Les centrafricains ont la chance d’avoir un vaste pays, avec une langue nationale et une terre pour toutes les cultures possible du monde. La première fois pour moi d’atterrir en RCA, je me croyais sur une terre promise. Aujourd’hui, ça me fait mal de voir ce pays se détruire. Une guerre religieuse ou pas, le peuple centrafricain doit prendre sa responsabilité afin d’éviter la somatisation de ce beau pays qui m’avait fait connaitre l’amour du prochain ».

« La situation me préoccupe toujours…la crise a pris une tournure confessionnelle… Les politiques, les médias et les réseaux sociaux ont contribué à amplifier le clivage religieux,  pire la haine entre chrétiens et musulmans », nous a laissé comprendre Salim Azim Assan.

« Je suis de prêt cette crise et j'interviens de temps à autre sur les réseaux sociaux pour échanger et apporter ma contribution à la pacification du pays. Malheureusement, il y a beaucoup d'extrémisme dans les propos des jeunes, qu'ils soient musulmans ou chrétiens. Il faut que les centrafricains l'admettent, la crise a pris une tournure confessionnelle même si ce n'était pas le cas au début. Les politiques, les médias et les réseaux sociaux ont contribué à amplifier le clivage religieux,  pire la haine entre chrétiens et musulmans ».

« Il faut que les centrafricains cherchent à traiter les causes de cette crise et non les conséquences »

Pour Mbayé Moussa qui travaille désormais dans une association communauté dans un quartier à périphérie de la ville de Khartoum, « Toutes les aides à destinations de la Centrafrique n’ont jamais, à mon avis, pris en compte le contexte socioculturel du pays ou encore les cause réelles de ce conflit qui perdure déjà. Il faut que les centrafricains cherchent à traiter les causes de cette crise et non les conséquence. C’est une crise de pauvreté, malgré toutes les richesses du pays ».

Selon Salim, « Les différentes communautés gèrent très mal la situation. De part et d'autres, il y a beaucoup d'hypocrisie. Les prises de position manquent d'objectivités. Il faut identifier les "vrais" leaders  communautaires, faire un travail de fond avec eux et les aider à avoir l'adhésion de leurs communautés. Il faut une bonne représentativité », a-t-il souhaité pour ce pays.Toutefois, il accuse certains anciens régimes du pays, non seulement pour avoir marginalisé certaines communautés vivant en RCA, mais également pour avoir minimisé la place de ce pays la sphère géostratégique d’Afrique Centrale.

« La haine intercommunautaire ne s'est pas seulement installée avec l'avènement de la Seleka. Elle se percevait déjà pendant certains régimes. Il y avait déjà une haine envers tout ce qui était tchadien et musulman, et les musulmans centrafricains étaient marginalisés par le régime en place. Victimes de contrôles policières de faciès, complication d'obtention de documents administratifs... La haine envers les tchadiens, s'explique surtout du fait que ces derniers monopolisaient le commerce, et surtout de leur mauvaise manière à soudoyer la police, la douane et autres.... Des mauvaises pratiques qui permettraient à certains d'entre eux d'entrer illégalement en possession de la nationalité centrafricaine », conclu-t-il, avec l’espoir de voir la Centrafrique un jour pansée ses vrais problèmes que sont la pauvreté, la déperdition scolaire des jeunes et le manque de cadre socioculturel.

Notons que depuis la crise de 2013, des citoyens tchadiens et soudanais sont toujours pointés du doigt par une couche de la population centrafricaine qui voit en eux, une certaine connivence avec la Séléka. Les témoignages et les avis de Salim et Moussa pourront-ils aider à résoudre cette énigme en cette période où les deux communautés, musulmane et chrétienne de Centrafrique se déchirent encore? /Rosmon

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