Délestage à Bangui, « la DG de l’Enerca à la recherche de la lumière divine tous les lundi matin »

Tous les lundis matin, aux environs de sept heures, l'heure à laquelle le personnel de l'Enerca devait démarrer le travail, c'est un bruit qu'on entend depuis la salle de conférences au niveau de la Direction Générale. Des chansons religieuses, des acclamations, des exaltations. Bref ! Le personnel de la société est retenu pendant près d'une heure de temps, dans un moment de prière.

Selon les informations recueillies auprès des employés,  c’est une cellule de prière organisée par la directrice générale de l’Enerca, Elisabeth Kofio.

Ce n'est pas tout le personnel qui participe à la prière même si c'est ce qu'elle aurait souhaité. « Nous sommes dans un pays laïc et on ne doit pas mélanger les choses. Même Jésus lui-même disait, rend à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Et si on est à l'Enerca, c'est pour rendre à César ce qui appartient à César », a expliqué un des employés révoltés en silence.

Certains ont qualifié cela comme étant  une manière de détourner le regard du personnel des vrais problèmes dont souffre cette entreprise nationale. « Imaginez-vous si les collègues de confessions musulmanes, bouddhistes et autres se mettent aussi à prier ici, qu'adviendra-t-il de ce lieu de travail ? », s'interroge un autre cadre, sous couvert de  l'anonymat.

Au rythme où vont les choses au sein de cette société, on peut penser que les responsables sont passés complètement à côté de la plaque. Le délestage à Bangui devient de plus en plus insupportable. Lors du remplacement de son vieux transformateur de 5 MVA par celui de 10 MVA, selon le terme technique, la directrice générale de l’Enerca avait promis une baisse des heures de coupure de courant, mais depuis septembre 2014, période durant laquelle ces travaux ont été réalisés, la situation ne semble toujours pas réglée. /Rosmon